Communications orales
Hip
ABSTRACT N° SOFCOT25-620
Moins de douleur, plus d’antalgiques ? L’étrange paradoxe de l’âge après une arthroplastie totale de la hanche. Etude rétrospective sur la base de données Orthense
Anne-Elisabeth Petit1, Julie Tourtrol1, Mathilde Strumia1, Charlotte Laborde1, Nicolas Reina* 2
1Département de Pharmacie, 2Service Orthopédie, CHU Toulouse, Toulouse, France
Introduction : La gestion périopératoire de la douleur est majeure après une arthroplastie totale de hanche (ATH). Les personnes âgées semblent accepter mieux les suites opératoires que les plus jeunes. Nous avons fait l’hypothèse que l’âge influençait la prise d’antalgique et la douleur.
Material and methods : Etude rétrospective de cohorte monocentrique incluant des patients ayant bénéficié d’une ATH dans un CHU entre février 2022 et septembre 2023. Le recueil de Patient Related Outcome Measures (PROMS) digitalisé sur la plateforme Orthense® (Digikare, France) a permis d’analyser la perception d’une douleur nocturne (0-10) et la déclaration d’utilisation d’antalgiques à plusieurs temps pré et post-opératoire de J-21 à J+42. Des régressions logistiques non ajustées puis ajustées sur le sexe, le statut tabagique, la douleur et le diabète ont été réalisées.
Results : Nous avons inclus 380 patients qui ont été divisés en deux groupes : âge < 65 ans (N=183) et âge ≥ 65 ans (N=197). A J-21 et J-7, les patients < 65 ans déclaraient des scores de douleur nocturne significativement plus élevés que ceux ≥ 65 ans (p=0,006 et p=0,010 respectivement). Après l’ATH, cette différence persistait à J+3 (p=0,040) et J+7 (p=0,039), mais s’atténuait à partir de J+14. En préopératoire, les patients ≥ 65 ans utilisaient davantage d’antalgiques que les < 65 ans (70,1% vs 59,9%, p=0,038). En postopératoire, aucune différence significative n’était observée aux premiers temps (de J+3 à J+21), mais les patients ≥ 65 ans étaient plus nombreux à en consommer à J+28 (45,1% vs 33,1%, p=0,031). Une analyse multivariée confirmait que l’âge ≥ 65 ans était associé à une déclaration de consommation d’antalgiques plus élevée en préopératoire (OR ajusté=1,68 [1,06-2,66], p=0,026) et en postopératoire à J+28 (OR ajusté=2,18 [1,25-3,77], p=0,006) et à J+35 (OR ajusté=1,82 [1,02-3,25], p=0,043).
Discussion : Les patients plus jeunes rapportent une douleur nocturne plus intense en préopératoire et postopératoire immédiat. Ils présentent souvent une symptomatologie plus inflammatoire avec une demande fonctionnelle plus importante. Les patients plus âgés ont une consommation d’antalgiques plus élevée en préopératoire et plus tardivement en postopératoire. Ces résultats sont cohérents avec la littérature suggérant une moindre perception de la douleur chez les patients âgés mais également des habitudes de consommation médicamenteuse plus élevée avec un profil douloureux plus chronique et moins inflammatoire. La consommation accrue d’antalgiques interroge sur la iatrogénie de certaines classes d’antalgiques et la polymédication des personnes âgées.
Conclusion : La variabilité de la perception et de la gestion de la douleur selon l’âge, pouvant justifier une adaptation personnalisée des stratégies antalgiques périopératoires. D’autres études seront nécessaires pour identifier des seuils d’âge et de profil douloureux mais également pour analyser l’impact clinique de cette consommation médicamenteuse.
Conflits d’intérêts :
A.-E. Petit: Pas de conflit déclaré ,
J. Tourtrol: Pas de conflit déclaré ,
M. Strumia: Pas de conflit déclaré ,
C. Laborde: Pas de conflit déclaré ,
N. Reina Consultancy, Expert: Amplitue, Enovis, BBraun, Adler, Stock shareholder: Digikare